Autour du timon du Grand Chariot
Avec Moulinet et Tourbillon, deux des plus belles galaxies de tout le ciel, et un curieux objet de Messier qui n’en est pas un.
L’une des formations du ciel étoilé les plus faciles à explorer est le Grand Chariot, qui est en fait contenu dans la constellation de la Grande Ourse. Autour de son timon se trouvent quelques objets intéressants à observer avec les jumelles.
Des galaxies énormes
Deux des plus belles galaxies se trouvent non loin des dernières étoiles du timon, Alkaïd et Mizar. La galaxie M 101 forme, avec les étoiles, un triangle presque isocèle. Partant de Mizar, elle peut également être explorée via une chaîne sinueuse d’étoiles de magnitude 4 à 7. La dimension de l’optique est importante mais un ciel sombre et une bonne adaptation des yeux à l’obscurité le sont plus encore car M 101 est, certes, très grosse, mais elle est malheureusement peu lumineuse. Sous un ciel favorable, on peut déjà l’apercevoir en tant que nébuleuse non structurée dans de petites jumelles. Dans des jumelles de 10x50, sa taille fait plus de 10’, elle est légèrement ovale.
La deuxième halte de notre excursion, M 51, se trouve à 3,5° seulement au sud-ouest d’Alkaïd et, avec trois étoiles de magnitude 7, elle forme un carré. La galaxie faisant déjà partie de la constellation des Chiens de chasse est également visible, faiblement, dans de petites jumelles, lorsque l’on utilise la vision indirecte, c’est-à-dire lorsque l’on regarde l’objet légèrement en décalé. Dans des jumelles de 10x50, elle apparaît légèrement ovale et environ deux fois plus petite que M 101. Si les conditions sont bonnes, on peut même repérer les deux étoiles de la galaxie principale 51 et de sa compagne NGC 5195.
De fausses célébrités
L’objet de Messier certainement le plus inhabituel est M 40. Même Charles Messier y vit déjà une double étoile mais l’inscrivit toutefois dans son catalogue des objets nébuleux. On voit dans les jumelles deux petites étoiles de magnitude 9 à 49" de distance, faciles à trouver via Megrez et l’étoile 70 UMa, dont la séparation est nettement facilitée si l’on utilise un trépied mais également possible à main levée.
Plus curieuse encore est l’histoire de l’étoile Sidus Ludoviciana de magnitude 7,6. Elle se trouve entre Mizar et Alcor et, parce qu’il croyait avoir observé un mouvement relatif en 1722, le mathématicien et astronome de Gießen, Johann Georg Liebknecht, considéra qu’il s’agissait d’une planète. Elle peut être détectée dans toutes les jumelles, à peu près au sud de la ligne de liaison de sa célèbre voisine.
Un «gros morceau»
M 109 fait partie des galaxies de Messier les plus faibles. Elle ne se trouve qu’à 40’ au sud-est de l’étoile « du caisson » Phad, mais elle nécessite de bonnes conditions et quelque expérience de l’observation. On peut alors détecter une petite nébuleuse faible dans des jumelles de moyenne taille, des jumelles de 10x50 par exemple.
Auteur : Kay Hempel / Licence : Oculum-Verlag GmbH